Planifions l'avenir, chère Naella.

Pour une fois, Roman était parti se promener sans Naella. D'habitude, ils allaient partout côte à côte. Mais de temps en temps, la solitude réclamait une place, et Roman s'éloignait un peu pour se retrouver seul avec lui-même. Il pensait au début que cette vie de couple finirait par le lasser, l'agacer, voire se montrer étouffante. Il n'en était rien. Naella n'était pas une personne comme il en avait connu d'autres. Elle n'était pas toujours dans ses pattes. Lui non plus d'ailleurs. Leur relation s'était petit à petit renforcée. Ils ne patinaient jamais dans leurs conversations. Roman n'avait plus peur de témoigner son affection à Naella en lui donnant des coups de langue. Il avait appris à apprécier davantage les siens. Ils dormaient la plupart des nuits ensemble, partageaient leurs repas et accomplissaient en duo les tâches dont ils héritaient. Roman avait senti son amour pour Naella croître et embellir. Il aimait son pelage blanc, ses yeux rouges, sa taille menue, son museau, son allure élancée. Il lui arrivait de l'observer un peu à la dérobée. Il fut d'abord surpris de constater que ce qu'il ressentait pour Naella était fort différent que ses sentiments pour Crystal. Surpris aussi par le fait qu'il avait enfin réussi à assimiler le fait que Crystal soit bel et bien morte. Il en avait toujours du chagrin, mais il avait accepté son décès. Il s'était rendu près du lieu où elle était enterrée et était resté pendant plusieurs heures devant la tombe. L'herbe avait repoussé sur la terre remuée. Un petit cornouiller avait grandi à quelques mètres de l'endroit où reposait Crystal. Roman avait eu le courage de venir ici, qu'alors que d'habitude il évitait ce coin comme la peste. Il avait laissé les larmes dégouliner sur son visage. Puis il était reparti vers le camp, à la nuit tombée. Les jours suivants, il s'était senti nettement mieux. Libéré d'un lourd fardeau qu'il n'avait même pas conscience de porter sur les épaules. Même le pénible souvenir de ce qui s'était passé un mois auparavant, avec Azara, les plantes, les blessures et le sang, n'avait pas réussi à briser ce sentiment de paix. Seuls les cauchemars continuaient. Sans cesse identiques. Parfois, Roman dormait d'un sommeil paisible. Parfois, des rêves horribles venaient le hanter. Le pire était celui où il était coincé dans un toundra à la neige couleur écarlate et devait se préparer à une attaque de la part d'Azara. Mais elle ne se montrait jamais. Et la peur grandissait. Quand Roman ouvrait les yeux, il tremblait. C'étaient les seuls moments où il se sentait vraiment faible et maladif. Le reste du temps, il oubliait. Ou du moins, il tâchait...

Ses pas l'avaient guidé jusqu'à l'océan Freedom. Le lieu où tout avait commencé.

La vie pouvait bien vite changer de tournure... Naella en avait pris conscience au cours des derniers jours, des dernières semaines. Avant, elle vivait dans la peur et dans l'amour qu'elle offrait à Roman. Aujoud'hui, elle vivait avec un sourire, dans une joie tranquille et silencieuse, avec Roman. La maladie qui avait touché tant de loups, des 4 coins du territoire, avait disparu. Avait t'il été proclamé en héros? Non. Azara, si. Elle avait bien tenu sa promesse par contre. Elle s'était servi des plantes pour guérir 4 meutes entières... Même si elle avait récolter le mérite, mine de rien.

Naella revena de la chasse. Leur alpha étaient distants c'est temps-ci... Il ne dirigeait presque plus la meute et ses opérations. Néanmoins, Naella connaissait la routine et elle comptait la respecter. Elle ramena un chevreuil bien gras qu'elle laissa au stock pour finalement se rendre compte que l'absence de Roman réveillait quelques chose chez elle.. Comme un velcro... Sans l'autre, il ne servait plus à rien. Elle marcha en silence vers aucun but précis jusqu'a se que le bruit des vagues montant sur la plage lui fit tourner les oreilles. L'ocean Freedom. Le début de tout. Un faible sourire passant sur ses babines, elle dévia sa marche et se dirigea vers la petite plage, où cette fois l'odeur de Roman était forte.

Roman longea la rive où venaient s'écraser les vagues en respirant l'air marin. Il n'avait pas non plus de but précis. L'automne arrivé, l'eau devenait froide et s'y baigner n'était pas une idée particulièrement chérie. Le Soleil légèrement capricieux refusait de réchauffer la mer. Le ciel était gris et seulement de temps à autre y perçait une éclaircie. Roman avait toujours aimé la grisaille. Il trouvait ça beau, et puis en général les autres loups désertaient les lieux en craignant une averse. Peut-être y en aurait-il une. Il ne savait pas. Roman remonta vers les dunes et s'assit entre deux d'entre elles, observant le remous incessant. La marée montait. Être dans les collines de sable lui rappelait son enfance au Sud, où avec son frère adoptif il avait inventé un jeu à la plage chaude. Ils l'avaient intitulé "les loups des dunes". Cela consistait à faire comme s'ils étaient les alphas d'une meute de bois flotté et de galets. Ils livraient une guerre acharnée contre les loups des mers, d'effroyables mouettes qu'ils tentaient d'attraper avec leur vaillante armée. Roman en vint à regretter cette époque. Tout semblait plus simple, alors. Bien des adultes ou adolescents regrettaient aussi leur enfance. Roman ne pensait avec nostalgie qu'à la partie agréable. Le reste, il avait refoulé. Il n'avait jamais parlé de sa jeunesse plutôt misérable, même pas à Naella. A quoi cela aurait-il servi ? Une fois de plus, il avait tâché d'oublier. Il ne creusait jamais très profond la cause de ses actes et de ceux des autres. C'était du passé. Cela ne servait plus à rien de revenir dessus.

Roman vit un goéland voler au dessus de lui avec son petit. Une idée folle lui traversa alors l'esprit. N'y avait-il pas songé avec Crystal ? Alors pourquoi pas avec Naella ? Fonder un foyer, avoir des enfants, et poursuivre sa vie, simplement. Roman eut un sourire. S'il en parlait avec Naella, elle refuserait sûrement. Il la comprendrait. Il n'était pas vraiment le prototype du beau loup fort et noble prêt à assurer une descendance vive et intelligente. Il n'était jamais rien d'autre qu'un pauvre oméga. Naella avait la même position que lui. Quel avenir pourraient-ils assurer à leur progéniture ? Et en plus, les alphas devaient être d'accord. Alphas qui n'étaient pas actifs. Ils ne foutaient rien de leur journée. Roman avait envisagé leur demander un grade plus haut dans la hiérarchie. Mais il avait senti que la seule réponse serait un coup de croc. Poussant un soupir, il tourna la tête à sa gauche et aperçut Naella qui venait vers lui. Aussitôt son sourire revint. Le Soleil écarta les nuages à nouveau.

Naella ne se trompa pas. Quand elle arriva sur la plage au sable fin qui bordait le petit océan, elle vit une tache sombre sur une dune, tout près. L'odeur forte de Roman la poussa à avancer un peu plus vite. Elle remarqua la forte présence de goélands autour d'elle... Leur présence n'était pas très plaisante, à cause de tout les cris sur-aigu, mais ce n'était pas ça qui comptait.

Après une minute de marche, elle vis le loup noir tourna la tête vers elle. Instinctivement, elle souria, et fut contente de voir un sourire sur les lèvres du loup. Et quand elle gravit la petite bute ou il était, elle viens se coller contre lui, sa queue se levant dans les airs et se balaçant de gauche à droite dans un mouvement régulier et lent. Elle fourra sa truffe dans la joue du loup, une habitude qu'elle avait, en guise de bisous.

Roman regarda Naella s'approcher. Elle lui paraissait si jolie. Elle répondit à son sourire et vint s'asseoir à côté de lui. Elle était si proche de lui qu'il sentait ses flancs se soulever au rythme de sa respiration. Naella enfuit sa truffe dans sa joue comme elle le faisait souvent. Roman suivit du regard les rondes incessantes des oiseaux marins au dessus d'eux. Une légère brise vint secouer la végétation poussant au sommet des dunes. Une mèche de poils noirs se posa devant les yeux de Roman. Il ne la repoussa pas. Il aimait beaucoup ces moments avec Naella, la nature et le calme. Autrefois, il y avait des humains. Depuis leur départ, tout semblait plus magnifique, comme si l'environnement était ravi de se retrouver seul avec lui-même. Roman s'appuya un peu contre Naella, juste pour avoir un contact physique plus important avec elle. Il repensa à sa suggestion de quelques secondes, avec les enfants. Il s'imagina avec deux, trois petits, avec qui il jouerait, leur apprendrait les loups des dunes et les loups de la mer. Il eut une image de lui et Naella, marchant côte à côte sur la rive de l'océan, l'eau leur léchant le bout des pattes. Devant eux, leur progéniture, un peu bruyante et agitée, comme la plupart des jeunes, s'amuse à marcher dans la mer avec de grandes éclaboussures. L'un d'eux, se concentrant, bondit et attrape une mouette. Ses frères et soeurs, jaloux alors de l'intérêt que portent à leur fils futur grand chasseur leurs parents, s'écartent en marmonnant des insultes à voix très basse à l'adresse de leur cadet. Roman s'arracha à ses pensées et sentit sur son visage de très petites gouttes de pluie. Au bout de deux minutes, cela s'arrêta. Roman s'écarta un peu de Naella pour mieux la voir et lui sourit à nouveau. Cela traduisait en grande partie son amour pour elle.

Naella était au ange. Le silence ne la dérangeait pas. ce qu'elle vulait, c'était être avec Roman. Et ce, même la pluie et le beau temps ne pouvait rien y faire. Le regard de la louve blanche se porta sur l'horizon, sur les vagues qui ondulait devant elle. C'était beau. Ce qui était encore plus beau, c'était que ce même décor les avait observer 2 fois. Maintenant 3. une troisième fois qui serait... mémorial? Quand Naella jeta un regard au loup noir, il lui souriait. Ce sourire, il aurait bien put disparaitre à de nombreuses reprises. Déjà que la vie en temps qu'oméga était difficile, ils avaient dut passer dans cette maladie et combattre conter Azara. Blessés, fatigués, ils étaient toujours là pourtant... Et souriants en plus. Le sourire aux lèvres, Naella lui glissa un nouveau petit bisoux. Est ce qu'un jour tout irais plus loin? Très loin... Peut-être qu'il allait mourir ensemble. Peut-être qu'ils allaient fonder leur famille ensemble... à cette pensée, Naella jeta un coup d'oeil à Roman, avec la forte envie cette fois d'entendre sa voix tintiller (je sais pas si c'est un mot...) dans ses oreilles.

Mais Roman n'avait rien à dire. Il se détourna de Naella pour regarder la mer. Le silence entre eux deux ne le dérangeait nullement. Il n'avait pas envie de le gâcher par des phrases inutiles, creuses. Il observa au loin une rangée de goélands et d'huîtriers pie qui s'affairaient le long de l'océan, là où les vagues venaient mourir. Roman aurait bien aimé voir un coucher de soleil, mais il faisait gris et on était au milieu de l'après-midi. Plus tard, peut-être, le ciel se dégagerait. Roman jeta un coup d'oeil à Naella. Il eut à nouveau l'impression qu'elle attendait des paroles de sa part. Mais lesquelles ? Au fond de lui, il avait bien des choses à dévoiler à Naella. Il aurait pu lui demander si elle souhaitait être sa compagne. Si elle voulait fonder un foyer avec lui. Si, question ô combien enfantine qu'il reniait le plus possible bien qu'il l'eût déjà posée, elle l'aimait, lui, et presque personne d'autre. Non, quand même pas à ce point là. Juste si elle l'aimait, disons. Le problème, l'angoisse, c'était la réponse. Oui / Non, biffer la mention inutile. Si elle barrait le non, Roman serait fou de joie. Si Naella rayait le oui, Roman se sentirait mal. Pour l'instant, cela allait, il nageait à la fois dans la sensation de bonheur et la sensation de vide. De bonheur parce qu'il était là, à regarder la mer avec sa chère Naella à ses côtés. De vide parce que depuis qu'ils étaient rentrés au camp de l'Ouest après avoir été blessés par Azara, Roman ne parvenait pas à refouler ces souvenirs. Dans ses moments libres, où il ne faisait rien, ils resurgissaient. C'était idiot, pensait Roman. Il avait compris la leçon. Il fallait un cas de force majeure pour qu'il se rende au Nord. Alors quoi ? Cela voulait dire qu'il se plaisait dans sa souffrance ? C'était encore plus ridicule. Roman regarda sa patte autrefois cassée. Certes, elle avait guéri. Et pourtant il boitait encore. Elle devenait raide. Il ne savait pas quoi faire pour éviter que son état empire. Alors, comme avec Naella qui attendait toujours des dires de sa part, il restait là, sans agir, en ressassant tout et n'importe quoi.

Naella finit par comprendre. Elle oublia son désir de l'entendre parler, préférant plutôt savourer la chaleur de son cœur que l'harmonie de ses paroles. Son museau toujours enfoncer dans la fourrure noire du loup, elle fixait un point invisible au centre de l'océan. Elle termina par cligner des yeux, se rappelant de tout ces souvenirs accueillants. La journée ou elle l'avait rencontré, celle où elle lui avouer son amour... Toujours sur cette même plage, au même endroit. Puis ensuite, il y avait eu cette journée ou elle la air attaquer, parce qu'elle l'avait trouvé si hypocrite et égoïste envers elle. Puis, un tas d'images noires la submerga... L'attaque de sa sœur, la longue marche jusqu'à l'ouest, le sang la mort la peur. Naella rouvrit les yeux, plantant ceux ci dans le bleu fondant des iris du loup noir.

-Tu t'imagines tout se qu'on a vécu ensemble...?

Il y en avait tant... Toutes ses épreuves les avaient rendus plus fort, peut être, mais plus heureux? Plus... Amoureux?

Roman comprit un peu mieux pourquoi Naella voulait qu'il parle. Elle désirait avoir une conversation et préférait que ce soit lui qui commence. Sans doute parce qu'elle ignorait quoi dire pour débuter. Elle lui posa une question qui était plus une affirmation qu'autre chose. Est-ce qu'il se rendait compte de ce qu'ils avaient vécu ensemble ? Oh oui. Roman se le rappelait très distinctement. Il y avait eu leur rencontre ici même. Leur nuit passée ensemble dans le bosquet en C. Roman se souvenait aussi que Naella l'avait aidé à guérir de la fièvre. Et puis le jour où elle l'avait giflé. Celui où ils s'étaient plus ou moins raconté leur passé. Naella lui avait tout déballé. Roman n'avait eu de paroles que pour Crystal. Ces derniers temps, où ils vivaient souvent à deux. Les plantes pour soigner les malades. La marche jusqu'au Nord. Et puis la fameuse journée où ils avaient faillit mourir l'un et l'autre. Roman s'était plusieurs fois demandé comment Naella s'était retrouvée au Nord au moment où Azara s'amusait avec lui. Au début, il était trop affaibli pour se questionner là-dessus. Il avait eu un espoir de survie, il n'allait pas le gâcher avec des demandes d'éclaircissements. Peut-être avait-elle quelque chose à dire à sa soeur ? Mais quoi ? Et pourquoi ? Ou bien avait-elle eu un pressentiment et suivi cette voie prémonitoire jusqu'à la toundra ? Le mieux était encore de lui poser la question. Aussi Roman lui demanda-t-il brusquement :
« Naella, le jour où nous étions dans la toundra, comment as-tu fait pour arriver jusqu'à Azara et moi ? »
Roman sentait bien qu'il s'éloignait du sujet de la fondation d'un foyer et des aventures bénéfiques à leur amour. Mais ils auraient le temps de parler de tout ça après.

Naella connaissait déjà la réponse. Bien sur qu'il le savait. Bien sur. Naella ne réagissa pas à la question qu'il lui posa en retour. Comment avait t'elle fait? Elle ne savait pas comment s'exprimer. Ça sortit donc exactement comme elle le pensait:

-Tu te souviens... Je vivais pour toi, je ne pensais qu'a toi, je ne voyais que toi. Ce n'étais un secret pour personne. Tu détestais Azara. Et elle, elle te détestait tout autant. J'ai suivis ta trace pendant longtemps. Tu n'étais plus à l'Ouest... Et ton odeur menait exactement à la frontière ouest/nord.

Naella s'arrêta. Elle se souvenait à présent du sentiment exact qu'elle avait ressentit. La peur, avait monté en elle. Elle aait eu peur pour lui.

-Ça puait le danger à plein nez. Puis je me suis dit que la seule personne qui pourrait arrêter ma soeur serait moi. J'étais prête à mourir pour toi Roman... Mais c'est plutôt toi qui m'a sauver des griffes de ma soeur.

Naella s'arr¸eta pour relever son regard qu'elle avait poser et sol et le glisser dans les yeux de Roman. Il l'avait sauver, sans avoir peur de lui même pourir sous les crocs de la dominante... Naella eu un faible sourire, en guise de merci.

Avec Naella, il fallait avoir de la mémoire et de l'imagination. Au départ, Roman devait se rendre compte de ce qu'ils avaient déjà vécu ensemble. Maintenant, il devait se souvenir. Ces deux mots étaient inutiles. Roman se rappelait très bien. Il y avait bien des choses qu'il oubliait, mais pas celles-là. Naella prétendit vivre pour lui, ne penser qu'à lui, ne voir que lui. Elle mit cependant ses paroles à l'imparfait. A présent, elle était peut-être moins fanatique de lui. Elle dit que ce n'était un secret pour personne. Et que Roman détestait Azara. Ou bien que chacun savait que Roman détestait Azara. Ce qui n'était pas vraiment exact. Ils s'étaient quittés dans des circonstances pour le moins singulières, mais Roman n'avait pas encore senti la haine bouillonner en lui lorsque le nom d'Azara était prononcé. Ce qui était vrai, c'était qu'Azara ne pouvait pas le voir, contrairement à sa soeur. Cette dernière expliqua qu'elle avait suivi sa trace pendant des jours et des nuits parce qu'il n'était plus à l'Ouest mais quelque part au Nord. Il y eut une pause, puis Naella continua. Elle avait perçu là-dessous le danger. N'écoutant que son coeur, elle s'était élancée jusqu'à la toundra en pensant qu'elle était la seule à pouvoir stopper Azara. A l'avis de Roman, personne n'en était capable. Naella dit être prête à mourir pour lui ; mais la situation s'était renversée. Roman, qui regardait Naella depuis le début de son récit, reçut de sa part un sourire, sans doute en guise de remerciement pour s'être interposé entre les deux soeurs. Naella avait eu beau essayer, Azara ne s'était guère arrêtée lorsqu'elles s'étaient affrontées. Et c'était depuis qu'Azara avait failli tuer Naella que Roman s'était réellement mis à la détester.

A présent qu'ils avaient épuisé ce maigre sujet de conversation, Roman senti à nouveau les questions d'avant revenir. Il ignorait comment les formuler. Surtout si Naella n'avait elle aucune envie d'être unie à lui et d'avoir des enfants.

Le regard de la louve blanche se reposa sur le mouvements de l'eau. Elle se souvenait s'être sentir si mauvaise, si nul, si ridicule meme. Elle avait voulu sauver Roman mais elle avait été encore plus vulnérable que lui. L'amour rend aveugle, Naella en avait eu la preuve. Elle avait oublier qui elle était parce quelle était amoureuse de lui et quelle croyait être à la hauteur pour le sauver. Elle serai tromper. Naella reposa son regard sur le loup noir, re plantant son museau dans le creux de sa fourrure. Dans un souffle, elle murmura:

-Je t'aime Roman.

Combien de fois lui avait telle dit? Depuis toujours. Roman lui, ne c'était jamais prononcer, même si leur dernière aventure les avait plus que jamais rapprocher, au plan physique et émotionnel. Sa truffe humide parcouru le visage du loup pour s'arrêter à son museau et lui glisser un bisou <3

Roman regarda lui aussi la mer. De nombreux oiseaux étaient posés sur quelques rochers giflés par les vagues. Le vent ébouriffait leurs plumes, comme le pelage de Roman et de Naella. Là où ils étaient tous les deux, le sable était sec et, sous l'action de la brise, s'ondulait en gracieuses courbes. Roman ne savait pas quoi dire à Naella. Ou plutôt, il ne savait pas comment formuler cela. Celle-ci se contenta de fourrer son museau dans sa fourrure, ce qu'il n'était pas sûr d'apprécier puis déclara qu'elle l'aimait. Un pâle sourire fit son apparition sur les lèvres de Roman. Elle lui avait dit cela un bon millier de fois et pourtant il ne s'en lassait pas. Lui ne lui avait jamais rendu sa déclaration d'amour. Il avait parfois l'impression de juste suivre le mouvement, d'aimer Naella mais sans plus. Il se répondait que c'était n'importe quoi. Bien sûr qu'il aimait Naella. Mais même à Crystal il n'avait jamais prononcé les mots je t'aime. Le problème était là. Crystal et encore Crystal. Roman avait beau réussir à assimiler le fait qu'elle soit morte et ne revienne jamais, elle demeurait présente dans ses pensées, surgissant dans les moments les plus inattendus, comme si elle craignait d'être oubliée. Roman s'était répété bien des fois que continuer à se morfondre sur elle n'avait pas de sens, il avait eu beau tenter de la refouler dans un coin de son esprit, il ne parvenait pas à l'effacer, à tourner la page. Et même quelqu'un d'aussi aimant que Naella n'avait sûrement pas de solution à ça. Il lui fallait vivre avec.

Naella lui fit un bisou, comme les louves à leurs enfants, ou les louveteaux à leur mère. Elle gardait en elle une parcelle d'enfance, apparemment. C'était parfois adorable, parfois agaçant. Roman s'arracha à la contemplation de l'océan pour observer Naella. Elle attendait sûrement qu'il lui rende son je t'aime et son coup de langue. Roman eut le sentiment d'être un mauvais compagnon, à rester bêtement là à la regarder sans oser faire quoi que ce soit. Il finit par lui lécher tendrement le museau lui aussi, mais ne parvint pas à aller plus loin. Il s'était cru capable de fonder un foyer avec Naella, au début. A présent, il en doutait. Enfin, pas beaucoup, mais un peu. A y réfléchir, avoir des enfants, c'était pour toujours. Une décision à prendre avec précautions. Surtout si le couple partait en vrille trois mois plus tard. Roman avait déjà plus ou moins vu comment une dispute avec Naella se passait. Recommencer ne l'intéressait pas beaucoup. Aussi, pour adoucir les choses et continuer la belle histoire de coeurzuni qu'ils commençaient, Roman répondit, avant de bizouter Naella à nouveau :
« Moi aussi, je t'aime Naella. »

« Moi aussi, je t'aime Naella. » Naella, le coeur fondant, poussa un long soupir de soulagement. Enfin. Oui enfin. Elle savoura les lèches de Roman comme si c'était les dernières. Une image vint se glisser dans son esprit. Elle vit une louve blanche, petite et enjoué, nul autre qu'elle, et un loup noir devant elle, cette fois étant Roman. Sous leurs pattes, des petites bouilles, toutes aussi mignonnes les unes que les autres. UNe boule blanche, une autre noir. Des yeux bleus, des yeux rouges,... Une famille. Leur famille.

Cette idée réveilla la louve blanche. Peut-être... qu'une famille... S'aimait t'il assez? Serait t''ils capables d'assumer les conséquences? La question lui brulait les lèvres, et vite elle s'y échappa:

-Est ce que... Est ce que tu penses que nous pourrions être de bons parents?

Elle leva les yeux vers le loup noir, un peu gênée par ses propres paroles. Peut-être qu'après tout, il ne voulait pas s'embarquer aussi loin. Elle comprendrait, mais bizarrement elle se surpris à penser qu'elle en serait triste...

Roman remercia intérieurement Naella de poser la question. Est-ce qu'il pensait qu'ils pourraient faire de bons parents ? Un peu plus tôt, Roman aurait répondu non sans réfléchir. Pour lui, avant, des gosses, c'était la certification des ennuis. Des louveteaux entraînés dans une mauvaise pente, influençables, malades, dépressifs, violents, mal dans leur peau, haineux, tout ce qu'on pouvait imaginer comme tares. Des enfants débiles, enfermés dans leur monde sans échappatoire. A présent, Roman ne savait pas trop. Avoir des enfants avec Naella représenterait de lourdes responsabilités. Il leur faudrait s'occuper de l'éducation des petits, de leur bien-être. Une fois que Naella serait enceinte, la porte serait fermée. Il serait impossible de revenir en arrière. Evidemment, il n'y aurait pas que des points négatifs à se retrouver parents. Ce serait une expérience digne d'être vécue, et puis c'est triste de vieillir sans avoir de descendance. D'un côté, Roman avait envie de dire oui, d'un autre il demeurait neutre. Il ne savait pas s'il était prêt à assumer tant de choses, et si Naella l'était aussi. D'une certaine manière, Roman désirait être le père d'une portée avec Naella. Quand il voyait des nouveaux-nés avec leurs géniteurs, tout paraissait merveilleux. Bien sûr, le temps passant... Les avis divergeaient sur le miracle des louveteaux. Aussi Roman répondit-il sincèrement :
« Je ne sais pas, Naella. Je ne sais vraiment pas. Tu me diras, le mieux c'est d'essayer, mais bon... »
Roman poussa un soupir et laissa sa phrase en suspens. Essayer.

Essayer. Ce n'était pas non, ce n'était pas oui. Sa question n'avait pas été si il voulait avoir une famille avec elle. Mais le mot essayer, ... Naella ne sus pas trop quoi penser ni quoi dire. Elle se concentra plutôt sur les traits de Roman. Ils n'étaient pas prêts, non. Mais ils apprendraient. Reprenant les mots du loup noir:

-Alors... Le mieux serait d'essayer.

Elle plongea ses yeux dans le regard de Roman et le soutena. Elle ne savait pas si elle en serait capable mais elle avait la forte envie de dire oui, et d'y croire. Même si rien n'était certain. Elle garda ses yeux dans ceux de Roman. Avoir une vraie famille était une grosse responsabilité mais... Ils seraient capable de le gérer.

Cela faisait déjà un moment que Roman espérait dépasser le stade des gentils coups de langue sur le museau avec Naella. Il ne lui avait cependant jamais proposé de passer une nuit plus particulière dans le bosquet en C. Il y avait pensé, il s'était apprêté plusieurs fois à le faire, puis avait fini par baisser les bras, se disant que le moment venu arriverait un jour ou l'autre. D'abord, c'avait été la crainte que Naella ne tombe enceinte du premier coup qui l'avait freiné. Maintenant, elle lui déclarait que le mieux serait, effectivement, d'essayer. Donc elle voulait attendre famille. Vivre une vraie vie de couple. De toutes manières, n'était-ce pas surtout les louves qui s'occupaient des bébés ? Le père venait de temps à autre jouer avec les enfants une fois plus âgés, mais sa présence n'était pas vitale. Enfin, Roman avait eu cette vision des choses en observant par curiosité le comportement des paternels. S'il devait être comme ça, il n'en avait aucune idée. Son propre père étant loin d'être un modèle, il ignorait sur qui calquer la manière de s'y prendre. Naella le fixait du regard comme si elle le mettait au défit de dire qu'il n'avait aucune envie d'avoir une famille avec elle.
« Tu en es certaine ? »
Il valait mieux qu'elle le soit. Sinon, ils seraient bien avancés.

Si elle en était certaine? ... Le couple Omega de l'ouest allait vraiment former une famille? Des loupiots qui seraient exclus, mais au moins aimer... Des louveteaux peut être malades, hyperactifs, idiots ou peut être trop téméraires. Ils seraient peut être bannis de la meute... Non, elle divaguait. Elle plongea ses yeux dans les prunelles noires du loup. La plus grosse décision de sa vie... Mais oui, elle en était certaine. Elle hocha de la tete, le regard franc, l'air calme mais sévère.

Naella, 3 mois, rêvait de devenir une sentinelle pour sa meute. Naella, près de 9 mois, revaut de retrouver sa sœur aîné. Naella, 1 an, souhaitait a tout prix se faire accepter par sa sœur. Naella, 2 ans, rêvait d'être aimer de Roman. Et Naella, ici et maintenant, rêvait d'une famille avec le loup qui avait enfin fini par l'aimer. Sa vie avait commencer sur un enfer... Peut être gagnerait telle le septième ciel?

Oui, Naella était certaine. Ou du moins le dit-elle en acquiesçant d'un signe de tête. Elle toisa Roman d'un air presque sévère, comme s'il avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Roman se contenta de sourire légèrement puis de donner un coup de langue sur le museau de Naella. Une famille ? Pourquoi pas, après tout. Même si bien des malheurs pouvaient arriver aux enfants, même s'ils demeureraient à jamais les rejetons de deux omégas, leurs parents pourraient toujours les aimer et leur procurer du réconfort. Ils savaient l'un et l'autre ce que c'était que d'être au pire rang de la meute, et ainsi ils sauraient rassurer leurs enfants sur le position de misère dans la hiérarchie. Il y aurait des moments de bonheur entre eux malgré la dureté de leur vie. Roman se leva, juste pour le plaisir de bouger un peu les pattes. Il regarda pendant un certain temps le Soleil tenter de percer les nuages. Il faisait plutôt doux pour une journée automnale. Avec l'été qui avait séjourné sur les terres de Full Moon Wolf, il n'était pas tellement surprenant qu'il y ait encore une certaine chaleur qui stagnait sur les différents territoires. Roman reporta son attention sur Naella, l'observant à la dérobée. Il la trouvait plus jolie que jamais. Il ressentit une forte envie de se blottir contre elle et de rester là, sans plus penser à rien. Il se sentait prêt, finalement, à être père si cela pouvait lui faire plaisir. Il s'occuperait même un peu des gosses. Roman sourit à nouveau à Naella puis lui donna un autre coup de langue plus affectueux avant de se diriger plus loin dans les dunes, vers le bosquet en C, espérant qu'elle le suivrait.

Naella eut un beau sourire lorsque Roman lui glissa une lèche sur le museau, comme elle meme le faisait avant, pour lui rappeler quelle tenait a lui, quelle vivait pour lui. Après une autre lèche, Roman partit vers le petit bosquet en C qui signifiait beaucoup pour eux. Il semblait être à présent sur de lui. Beaucoup plus qu'avant. Naella le suivit alors, prenant conscience que les chaleurs étaient deux saisons plus tôt cette année. Les guérisseurs disaient que c'était la fait de la maladie, d'autres disaient que c'était à cause des plantes administrer. Peu importait. Elle était en chaleur et ils voulaient fonder une famille. Le cœur de la petite louve se mis à battre plus vite, trop vite. Elle se sentait un tout petit peu nerveuse, et elle se trouvait vraiment idiote.

Enfin le moment tant désiré s'était montré. Roman regarda Naella s'approcher. Si belle. Presque parfaite. Il en était limite complexé. A cette pensée, Roman éclata de rire et accéléra l'allure. Rapidement, il parvint au bosquet en C. L'endroit était paisible. Le ciel se dégagea un peu, dévoilant un Soleil qui s'apprêtait à dormir. L'univers se teinta de rose, de mauve et de rouge. Roman resta un instant sidéré devant tant de beauté. Le vent soufflait avec une certaine violence, mais les arbres les abriteraient. Roman remarqua à son tour l'arrivée prématurée des chaleurs chez Naella. Au début, il se dit que ce devait dépendre d'un individu à l'autre. Puis il se rappela les paroles des guérisseurs. Tout était dans les vestiges de la maladie meurtrière. S'ils le disaient... Roman voulait bien les croire. Il zieuta à nouveau Naella. En la voyant, avec son poil d'un blanc immaculé, ses yeux rouges, son allure, il sentit une envie grandissante de se coller à elle. Roman lui lécha le museau, mais cette fois plus longtemps, comme s'il désirait rester comme ça durant une éternité. Ce n'était pas la première fois de sa vie qu'il s'apprêtait à avoir des rapports avec une louve. Il avait déjà fait l'expérience avec Crystal. Il s'en souvenait très bien. Naella, quant à elle, semblait confrontée à cela pour le tout début. Autant ne pas brusquer les choses. Roman se rapprocha davantage de Naella et posa avec douceur sa tête sur son épaule.
« Tu te sens prête, Naella ? »
Une question rituelle. Au cas où Naella se déroberait au dernier instant. Roman eut un sourire. Si elle était prête, lui aussi.

Naella continua d'avancer vers le bosquet en C, son cœur étant très fébrile. Le ciel se dégagea au meme moment, comme si tout avait été calculer depuis le debut. Lorsqu'ils gagnèrent le bosquet, Roman se tourna vers elle et lui glissa une lèche sur le museau comme tant de fois elle l'avait désirer. Sa tête poser contre son épaule peu massive comparée à la sienne, Roman lui demanda si elle était prête. Ne prenant pas compte de son cœur qui battait a toute allure, sachant très bien la réponse, elle répondit.

-Oui.

Un mot. Son cœur sembla de calmer, revenant à un rytme plus normal. Elle planta sa tête dans le cou du loup noir avant de se tenir bien droite. Elle n'avait pas toujours remarquer à quelle point elle était petite et vulnérable face à Roman. Les contraires s'attirent... Et bien aujourdhui, elle avait plutôt l'impression qu'ils étaient deux êtres parfaitement identiques, qui s'apprêtait a se plonger dans une nouvelle vie.

Roman savait bien quelle serait la réponse de Naella. Il suffisait de la regarder pour deviner. Durant le temps que lui prit sa réflexion, Roman la lécha entre les deux oreilles. Puis Naella prononça un mot, un seul, un oui, comme prévu. Elle se frotta contre lui, comme elle le faisait souvent. Roman l'observa encore, pour bien se rendre compte à quel point elle était jolie. Il songea pendant un court instant à ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Il pensa brièvement aux enfants qu'il faudrait élever, nourrir, protéger, aimer. Il se dit qu'il pourrait le faire, du moment que Naella était à ses côtés. Le plaisir de la regarder, de sentir sa tête nichée contre son cou, si tout cela était toujours présent lorsqu'ils auraient des rejetons à leur charge, cela rendrait les choses moins dures. Roman se rapprocha peu à peu de Naella, lui donnant de temps à autre un coup de langue le long du museau. Roman se sentait dévoré d'envie et d'amour pour Naella. Il commença à passer à l'acte. Leurs souffles s'entremêlaient. Ils étaient si proches. Ils s'unissaient pour créer de nouvelles vies.

Naella ferma les yeux lorsque Roman lui glissa un lèche qu'elle savait étant la dernière pour le moment. Il passa alors à l'acte, leur souffle entremêlés. Naella n'avait que pensée pour le loup qu'elle aimait. Elle tentait de s'imaginer leur vie. Peut-être que l'ouest ne voudrait plus d'eux , ou de leur rejetons. Ils pourraient vivre une vie en solitaire, perdus dans leur monde. Peut-être que les alphas serraient reconnaissants... et leurs donneraient un meilleur grade. Peut-être que leur enfants ne seraient pas omégas, eux aussi. peut-être, peut-être, peut-être. Les minutes s'écoulèrent et Naella laissa à Roman tout le travail. [Pouhahaha, la paresseuse x)]

Roman pensait à autre chose qu'aux joyeux rejetons que leur union leur donnerait. Du coin de l'oeil il vit le soleil qui disparaissait tout à fait. Les dernières couleurs s'estompèrent peu à peu. La première étoile fit son apparition dans le ciel qui s'assombrissait. Deux mouettes passèrent au dessus d'eux en poussant leur cri caractéristique. Roman n'avait jamais songé à mener une vie de solitaire avec Naella et peut-être leurs enfants. Il avait déjà vécu seul quelques mois et à vrai dire n'avait jamais été tenté par un renouvellement de cette situation. Roman s'était habitué à vivre en meute et il ne voyait pas l'avenir hors de la société. Si être seul à pourvoir à ses besoins comportait bien des avantages, les inconvénients ne manquaient pas. Si Roman et Naella mourraient, leur progéniture devrait se débrouiller seule. Tout dépendait de leur âge, mais vivre en solitaire jeune était loin d'être évident. Surtout si à leur tour ils étaient blessés, malades, et que leur vie menaçait de s'éteindre. Rester au sein de la meute semblait plus sage.

Les longs moments que les bonnes manières nous interdisent de conter (c'est pourrave comme formule, I know XD), Roman s'étendit près du bosquet en C. Un réel sentiment de bien être l'envahit. Comme Naella était sûre de vouloir des enfants, rien ne leur interdisait de recommencer. Roman regarda Naella avec un tendre sourire. Si belle. Presque parfaite. C'avait été des instants merveilleux. Fatigué mais bienheureux, Roman posa la tête sur les pattes avant et sentit ses paupières s'alourdir.

» Naella - Oméga de l'ouest
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